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Financement de la douleur chronique: Une impasse?

noriaamireche



Le financement de la prise en charge des patients douloureux chroniques est insuffisante et ne tient pas compte de la multiplicité des intervenants  incluant l'hypnose, la sophrologie, les psychothérapies etc.



La « douleur » est le premier motif de consultation aux urgences et en médecine générale. Ainsi, plus de 12 millions de Français souffriraient de douleurs chroniques. Pourtant, malgré trois « plans douleur » mis en place entre 1998 et 2011, 70 % des personnes concernées ne bénéficient toujours pas d'un traitement approprié et moins de 3 % d'entre elles sont prises en charge dans un des centres spécialisés.


En plus d’avoir un impact considérable sur la qualité de vie des patients qui en souffrent, elle représente aussi pour nos systèmes de soins de santé, pour la société et pour le patient un fardeau économique substantiel. Dans le contexte qui prévaut actuellement, où les ressources pouvant être allouées à la santé sont limitées, il est essentiel de se préoccuper des aspects économiques liés à la santé. En effet, les attentes des populations en matière de soins de santé sont pratiquement illimitées, mais force est de constater que nos sociétés n’ont pas nécessairement la capacité de payer pour toutes les interventions de santé disponibles. Ainsi, la douleur autant que tout autre problème de santé se doit d’être prise en compte en considérant aussi ses dimensions économiques.


L’impact économique associé à la douleur est de différents ordres. D’une part, la douleur engendre des coûts directs de santé qui comprennent, entre autres, les coûts liés aux consultations médicales, aux consultations aux services d'urgence et le cas échéant aux hospitalisations, le coût des médicaments utilisés pour le soulagement de la douleur, les coûts liés aux examens et tests diagnostics. En plus de ces aspects viennent s'ajouter le coût des thérapies non médicamenteuses qui sont pour la majorité d'entre elle un coût direct pour le patient car ne bénéficiant pas de reconnaissance par l'assurance maladie. A titre d'exemple, nous pouvons citer la sophrologie, l'hypnose, les psychothérapies, la rTMS etc..


Parmi les différents types de douleur, la douleur lombaire est celle pour laquelle l’impact économique a été le plus étudié et discuté. Les coûts associés aux douleurs lombaires seraient comparables à ceux d’autres maladies largement répandues telles que les maladies cardiaques, la dépression ou le diabète et pourtant, elle ne bénéficie pas de la même couverture sociale.


Le financement de la prise en charge de la douleur chronique passe avant tout par un processus de subvention attribué aux structures douleurs spécialisées (SDC) présentent dans les établissements de santé. Ce système de subvention limite la prise en charge de la douleur chronique en ville.


Prenons l'exemple d'un patient douloureux chronique ayant besoin de médicaments, de consultation avec un psychologue, d'hypnose et de rTMS. S'il accède à un SDC, grâce à un système de financement d'hôpital de jour le patient n'a quasiment aucun reste à charge. Ce système de financement serait louable si la majorité des patients douloureux chroniques pouvait accéder à un SDC. Or seulement 3% des patients en bénéficient. De plus ce système pérennise une prise en charge hospitalière et limite le transfert des patients en ville ce qui sature les structures spécialisées par default de sortie des patients vers la ville.

En effet la même prise en charge en ville, le patient aurait à payer les consultations avec le psychologue, l'hypnothérapeute ainsi que les séances de rTMS alors qu'elle ne bénéficie que d'une faible prise en charge voir d'aucune prise en charge.



Pourtant, en 2023, la haute autorité de santé a rédigé des recommandations concernant le parcours santé d'une personne présentant une douleur chronique. Elle met en avant 3 niveaux de prise en charge avec un objectif de favoriser les relations villes/hôpital et donc la collaboration entre activité libérale/structure douleur chronique hospitalière.


L'absence de financement d'une prise en charge en ville du patient douloureux chronique est clairement un frein à cette collaboration et à l'amélioration de la qualité des soins.









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